« Être YouTuber » : une vraie passion ?

Ces derniers jours, je me suis posé plusieurs questions car dernièrement je suis allé commenter quelques vidéos, et généralement, j’y mettais un pavé assez important de points négatifs. Les retours étaient tous différents, et je me suis donc demandé pourquoi est-ce que ces vidéos n’étaient pas spécialement bonnes.

J’ai donc demandé à la twittosphère la question volontairement incomplète suivante :

Ma question était volontairement trompeuse, car je n’évoquais que le sujet du manga. Et les réactions étaient un peu pour tout. J’ai eu du « oui c’est suffisant », plus généralement du « non c’est pas suffisant », d’autres qui répondait en disant que certains arrivaient même si c’est mauvais, et parfois aussi quels critères sont important pour vraiment réussir.

Parlons donc un peu de cette passion. Et pour ça on va toujours rester dans la passion du manga pour le domaine que je traite.

Être passionné par le manga et les animes, c’est beau…
je ne doute pas du tout de la passion de toutes personnes qui sont « YouTuber manga », je suis même complètement prêt à dire que je suis l’un des moins passionné d’entre tous par ça.
Généralement (j’aime généraliser) quand on dit que quelqu’un est clairement passionné par quelque chose, on est prêt à dire que la personne peut vous parler des heures et des heures sur ce sujet, vous sortir des choses complètement loufoques et inattendues sur lesquelles vous ne vous êtes jamais posé de questions, elle a forgé aussi tout une culture juste autour de cette passion pour connaître un maximum de détails. En bref, cette personne passionnée que je décris peut vraiment vous transmettre une petite information, dont vous n’avez pas forcément intérêt à la base, elle le fait de manière cool et avec un grand sourire, et je suis sûr que dans votre entourage, un ami proche ou même tout simplement votre père ou mère possède un domaine où elle peut correspondre totalement à ce critère.

Mais est-ce qu’avoir toute la bonne volonté du monde à vouloir faire partager votre passion du manga est suffisant pour faire une bonne vidéo ?

Pour moi la réponse est clairement non.

Je pense que beaucoup oublient une chose essentielle sur le fait d’être sur YouTube : il s’agit d’une plate-forme de diffusion de vidéos avant tout.
Et je met exprès en avant le mot vidéo pour mettre en avant une autre de mes réflexion qui concerne une autre passion : la passion de la vidéo en général. Et pour ça je vais essayer de vous parler un peu de ma vision de l’univers de la vidéo.

La vidéo est un art à part entière. Mais la particularité de cet art dans notre travail de « YouTuber manga » est qu’il allie plusieurs autres arts, tous avec leur particularité et sont tous aussi difficile les uns que les autres. Ces arts là sont simple : l’art littéraire, l’art graphique/visuelle, l’art théâtral et l’art sonore. Aujourd’hui, les gens qui essayent de percer uniquement dans un seul de ces arts là sont déjà très rares et ont pris énormément de temps à développer leur art. Et bien sûr, en tant qu’art il y a des choses qui plaisent et d’autres qui plaisent pas, c’est le côté random coup de chance qui fait que certains percent et d’autres non. Soit en visant le public qui s’intéresse à la mode actuelle, soit en tentant de nouvelles choses. Je m’égare un peu, mais vous voyez le tableau.

Donc, la vidéo rassemble 4 arts, qu’on divise naturellement et tout simplement en différentes étapes de processus de création de notre vidéo :
– L’écriture => art littéraire
– L’enregistrement facecam + enregistrement du texte => art théâtral
– Le montage vidéo => art graphique
– Le mixage audio => art sonore

Négliger une seule de ces partie est un coup dur sur toute la qualité d’une vidéo.
– Ayez un texte moyen, voire complètement basique, votre vidéo n’aura pas trop d’intérêt informatif
– Ayez un jeu d’acteur beaucoup trop faible à vous approchez de la caméra en fin de séquence, ne pas avoir une élocution claire, bafouiller, hésiter, etc. votre vidéo perdra en crédibilité
– Ayez un montage pas adapté à votre écriture, une présentation visuelle complètement bateau, des effets de transition diaporama disponible sur PowerPoint pour faire croire que c’est classe, votre vidéo n’en sera que banale voire pas très agréable à visionner
– Ayez un son complètement inaudible, des variations de volume qui passent de « on entend rien » à de la crevaison de tympans, votre vidéo ne sera qu’insupportable.

Je ne vais pas spécialement aller plus loin sur « comment faire une vidéo correcte », car plusieurs articles à ce sujet, bien qu’ils méritent sans doute une révision ou des ajouts sont disponible sur ce blog : partie 1 | partie 2 | partie 3 | partie 4. Néanmoins, je pense qu’avoir fait un rappel sur ça et avoir reprécisé qu’il s’agit d’un art à part entière est quelque chose de bon. Car je ne l’ai probablement pas présenté comme ça dans les articles précédents.

Et là, je pense que les arts où on exprime le plus la passion pour son sujet sont dans l’écriture ainsi que l’enregistrement, où on ressentira le plus de votre part votre envie de transmettre vos informations au spectateur. Ce qui fait seulement la moitié des 4 arts.

Je vais re-citer un peu certaines phrases qui sont présentes sur mes articles de création de vidéo, ainsi que ce que j’ai pu dire sur mon live, car ça me rassure de voir que ma pensée n’a pas changé sur plusieurs points :

Après, vous avez sûrement regardé pas mal de vidéos sur la plateforme, et du coup, vous voulez sans doute ressembler à votre idole […] Mais encore une fois, ça ne se trouvera pas lors de la première vidéo, mais seulement au bout de la 3e ou 4e, voire plus s’il le faut.
——————–> Le concept de votre chaîne (partie 2)

Au bout d’une dizaine de vidéo, c’est plutôt aberrant de voir encore des erreurs horribles dans des vidéos.
——————–> En live

Remarque qui peut paraître dure au premier abord, mais que je pense sincèrement. J’ai une grosse tendance à penser que les plus jeunes s’essayant à la vidéo pensent que c’est facile de créer une vidéo sympa. Sur le papier, oui ça l’est, mais si vous avez des ambitions de devenir connu en faisant de la pub sur toutes les chaines voisines pour bien se faire voir, il faudra vraiment avoir de solides bases pour réussir.
Je pense que certaines personnes oublient un peu de se mettre à la place du spectateur pour se dire « est-ce que ma vidéo est bien ? ». Il y a certes la satisfaction personnelle lorsqu’on pense que sa vidéo est bien, mais le point de vue entre vidéaste et entre spectateur est très différent. Un vidéaste qui se dit « bouarf, il y a une grosse faute d’orthographe ici, mais trop tard ma vidéo est exportée donc flemme, ça va passer pour cette fois » pourquoi pas, mais parmi tous vos spectateurs, il y aura forcément le grammar nazi qui viendra vous faire la remarque de cette faute. Cet exemple est valable pour tous les défauts que vous trouverez vous-même à votre contenu. Et si vous vous justifiez en « c’est pas grave, ça m’arrive qu’une fois » ça ne démontre qu’une façade d’une personne qui bâcle son travail.
Être un minimum perfectionniste dans un travail artistique n’est vraiment pas un mal, je pense même qu’il faut se discipliner à corriger tout ce que vous ne trouvez pas correct dans votre propre travail, et enfin être pleinement satisfait de votre niveau actuel.

L’âge, l’indulgence, l’exposition et le courage.

« Les jeunes sont ceux qui font le plus des erreurs », c’est un fait. Et c’est un fait tout à fait justifié : c’est quand on est jeune qu’on doit se planter pour revenir plus fort. C’est quand on est jeune qu’on a la capacité maximum pour essayer de comprendre et de recevoir des critiques pour s’améliorer, faire la part des choses et ainsi se remettre en question pour savoir si vous êtes vraiment fait pour ça. C’est quand on est jeune qu’on montre sa motivation à vouloir bien faire.  Mais c’est aussi quand on est jeune qu’on est le plus en danger face à la critique difficile, car on est encore en phase de mûrir.

Je suis conscient que les pavés que j’ai pu écrire chez certains vidéastes sont sur un ton dur, voire même parfois vulgairement dur. Mais est-ce un mal nécessaire ? C’est là que la notion d’indulgence arrive.
Quand on arrive sur la toile avec sa première vidéo, on verra dans énormément des cas dans la description « c’est ma première vidéo, soyez indulgent svp ! »

Je répondrais : oui et non. Aujourd’hui en 2015, même les plus jeunes manient internet de manière plus efficace qu’il n’y paraît, il manque juste un cadrage de leur part pour leur faire comprendre qu’on ne peut pas dire tout et n’importe quoi (ça relève de l’éducation après). Mais, quand on fait découvrir internet aux jeunes, il me semble que les premières choses qu’on leur apprend, c’est à faire des recherches sur ce cher ami moteur de recherches. Et comme tout le monde le sait, l’école c’est chiant car on y apprend des trucs, et apprendre des trucs c’est chiant.
Donc pour moi non l’indulgence n’est pas vraiment permise quand on a un accès illimité à une tonne de tutos pour faire des vidéos correctes, qu’on peut apprendre en observant les autres.
Mais d’un autre côté oui : personnellement je deviens seulement indulgent dans plusieurs cas : quand je vois qu’intentionnellement, il y a une vraie envie de bien faire, et que j’arrive vraiment à le ressentir au travers de la réalisation de l’auteur. Et quand je vois un certain travail déjà fourni alors qu’il n’y a que peu de contenus. Et ces cas existent. Ça peut paraître très élitiste ce que j’écris, mais je le pense comme ça.

Je vais finir sur la notion de courage. Sachez déjà que bravo, il faut une certaine dose de courage pour s’exposer sur le net, rien qu’exposer sa voix pour certains, d’autres complètement le visage. Par contre, j’ai le sentiment qu’on a tendance à oublier que cette exposition vous rend vulnérable à toutes sortes de critiques. Alors certes, quand on a des commentaires positifs même ultras courts pour dire qu’on a fait du bon travail, on a strictement aucune raison de ne pas être satisfait. Par contre, dès qu’on a des commentaires à tendance négatifs, il faut discerner la « critique » gratuite sans fondement et argumentation, et la critique argumentée. Et celles que j’ai pu donner ont été plutôt assez violentes en terme de proportions entre « bon » et « pas bon ».

Et quand je met un commentaire sur une vidéo ?

Cependant, les critiques que j’ai pu émettre étaient sous forme de tirets qui énumérait un à un tous les défauts que je trouvais à la vidéo.
Il faut maintenant se poser la question : est-ce que les 40 lignes où j’ai pris aussi pas mal de temps à pondre sont juste là dans le but de décrédibiliser le travail du vidéaste ? Faut-il prendre tout comme des reproches et ainsi voir juste derrière un simple « t’es mauvais, arrête tes vidéos » comme ce qu’on voit trop souvent ?

Si vous pensez que oui, je vous invite cordialement à répondre de manière aussi longue en justifiant l’intégralité de vos choix audio/esthétique/littéraires sur les passages en questions que la personne (moi en l’occurrence) critique, ce qui prouve déjà que vous avez un minimum travaillé votre vidéo.

Et si vous pensez que je suis juste un méchant monsieur qui aime critiquer les petits vidéastes en se prenant pour un vidéaste de grande envergure, grand bien vous fasse. Etant vidéaste moi-même, sachez que j’attend encore d’avoir une critique aussi longue pour savoir en quoi mes contenus vidéos sont mauvais, ou « si bons » (oui, je jette le sentiment de nuance avec des guillemets). Et avoir des critiques de 40 lignes sur son travail, que ça soit en positif ou négatif, je suis sûr que ça vaut, dans la très grosse majorité des cas, beaucoup plus dans l’amélioration de votre travail technique, que les petits encouragements, qui eux n’améliorent que votre moral (ce qui est tout aussi important) et que même les plus grand vidéastes sur YouTube en recherchent toujours.

Pour finir sur la passion : je pense pas être le plus passionné par les mangas et animes. Mais je pense être plus passionné que d’autres par le domaine de la vidéo (et par extension l’art) et ça joue sur la qualité de ce que je souhaite donner à mes vidéos.

Wesh.



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